Alix, Reine du Verdon

 Quelques photos de notre virée dans Alix . Cette voie mythique nous aura donné du fil à retordre, notamment le premier 7b qui n'est pas donné !














Une semaine à Ailefroide City

 Yihaaaa, le moment tant attendu a sonné ! Après vingt petites minutes d'oral et un "c'est bon vous pouvez disposer", je peux enfin enfiler les claquettes et adopter un look de vacancière. Mon chauffeur privé (Hugo pour les intimes) vient me récupérer en limousine - ah non, en scénic pardon - moins d'une minute après que je sois sortie. Décidemment, les vacances commencent bien. En route vers le paradis des grimpeurs, nous écoutons Ben Harper faire ses gammes. Le temps que sa guitare chauffe, nous récupérons Tim puis Milan sur le chemin. Dans nos sacs, les topos ont naturellement remplacé cahiers et trousse d'école, textes du bac et compagnie... Un en particulier nous sera plus qu'utile : "Le topo des blocs d'Ailefroide".

Au premier abord, le bloc est une discipline de l'escalade assez étrange. Grimper trois, quatre mètres (parfois plus) au-dessus d'un "tapis" pour tomber et recommencer... Etonnant, non ? C'est en vérité un effort beaucoup plus court, intense et physique que ce que nous avons l'habitude de faire. Dans le jargon du grimpeur, on appelle ça le BOURRINAGE. L'objectif premier est de s'amuser, le second est de forcer !

[ bourriner : fait de réaliser une tâche sans la moindre délicatesse, ni finesse (certains se reconnaitront ;) ]

Impatients de grimper, nous attendons l'arrivée de Lou et Léo qui complètent l'équipe de la semaine. En deux(-cent) temps, trois(-cent) mouvements, les tentes sont montées et les matelas gonflés. Il est temps d'enfiler les chaussons et de serrer les arquées. 

[ arquées : petites prises pour lesquelles certains grimpeurs éprouvent beaucoup d'amour et d'autres beaucoup de haine et à qui on doit souvent des zipettes monumentales ]

Telle une débutante, je tâte pour la première fois le caillou d'Ailefroide, hautement réputé pour sa qualité. Un court temps d'adaptation est nécessaire pour que chacun(e) s'habitue aux "cotations bloc". Il faut en général descendre d'une ou deux cotations par rapport à son niveau habituel pour trouver des blocs à sa portée. En théorie... En pratique, nous  nous retrouvons parfois bloqués les fesses au sol et dans l'incapacité la plus totale de les décoller. En résumé, il faut arrêter le chocolat ! 

Après des beaux combats dans les blocs, nous rentrons au camping avec déjà l'envie d'y retourner !

Le ciel en a décidé autrement et des trombes d'eau s'abattent sur la toile de notre tente au cours de la nuit. La fébrile imperméabilité de notre petite maison diminue à mesure que la nuit avance. Aux alentours de 4h, mes colocataires (Lou, Léo et Hugo) et moi comptons une à une les gouttes de pluie qui pénètrent à l'intérieur.

Nous hésitons entre prendre un air dépité ou se marrer tellement la nuit va être longue. Eclairés par les faisceaux des frontales, nos regards se croisent et après deux ou trois tentatives de communication et un bon dialogue de sourd, le rire l'emporte. Foutus pour foutus, mieux vaut rire que pleurer ! La réunion Tuperware prend finalement fin et nous nous rendormons aussitôt dans un confort assez relatif. 

Au petit matin, la pluie semble s'être atténuée. La météo annonce de nouveaux des orages mais nous refusons d'y croire. Nous sautons dans les voitures direction le Pré de Madame Carle. Au bout d'une petite heure, la pluie fait son grand retour. 

Le calme avant la tempête !

Abrités sous un petit bloc, nous attendons que ça passe... Mauvaise idée ! Au lieu de ça, le rythme des gouttes s'accélère, leur taille grossit... En moins de 10 minutes, ce n'est plus de l'eau mais des énormes grelons qui viennent frapper les rochers. Seuls les courageux s'efforcent d'aller protéger les pare-brises des voitures en y déposant les crash-pads (tapis de réception qu'on utilise pour grimper) dessus. Aïe, un grelon sur la main ! Aïe, un autre sur le pied ! Aïe aïe aïe, la nature ne nous veut plus, il est temps de partir. A la façon des acteurs de Fort-Boyard, nous courrons vers les pièces affaires, les rassemblons et sprintons au parking. Résultat des courses, nous sommes trempés ! Le bal ne fait que commencer puisqu'il va pleuvoir toute la journée. Quoi de mieux qu'un ciné pour faire passer le temps. 

Après avoir passé deux heures devant Jurassic Parc, nous sommes déçus de ne pas trouver de dinosaures dans les rues de Briançon mais sommes tout de même heureux de retrouver le soleil !

Les péripéties météorologiques sont derrière nous et nous comptons bien rentabiliser le voyage. Dans les jours qui suivent, les essais dans les blocs s'enchaînent... Certains nous coûtent plus que d'autres et mettent nos nerfs à rude épreuve. Un bloc en particulier nous occupe un long moment. Nous cherchons d'abord les méthodes qui correspondent le mieux à notre morphologie. Rien n'est écrit ou imposé, il suffit de laisser libre court à son imagination. Assez vite, des mouvements se dessinent puis s'empilent alors qu'ils paraissaient infaisables au premier regard. Des stratégies différentes sont adoptées. Hugo part d'abord à gauche puis revient à droite, je fais l'inverse. Nous nous retrouvons pourtant tous les deux dans la même position pour effectuer le dernier mouvement du bloc, le passage clé. Nous échouons à de multiples reprises sur cet ultime mouvement et après moult essais, nous nous rendons à l'évidence : ce ne sera pas pour cette fois ! 

Aimer le bloc, c'est aussi savoir ravaler sa frustration quand on est à rien de réussir. Une belle leçon d'humilité ! Nous rentrons bredouilles mais heureux d'avoir réalisés de si beaux mouvements.




Tim, Hugo et moi vagabondons de secteurs en secteurs et de blocs en blocs, à la recherche d'itinéraires esthétique. Nous passons l'après-midi à faire de la "grimpe plaisir", dans des blocs faciles qui nous attirent. Nous contemplons les blocs et les mouvements qu'ils imposent et nous accordons tous les trois pour dire que la nature fait bien les choses ! Appareil photo à la main, notre photographe préféré immortalise le moment. 

Pendant qu'Hugo met des essais dans La Proue (7a bloc), je prends un cours particulier de photo avec Tim. Le peu de peau qu'il me reste sur les doigts ne me permet plus de grimper. Je passe spectatrice. Mes clichés sont ratés, mal cadrés ou encore flous. Bon... Je ne suis pas faite pour ça, il faut s'y résoudre. Je prends tout de même une ou deux photos "acceptables". Le soleil est en train de se coucher, la chaleur retombe peu à peu et nous n'allons pas tarder à rentrer au camping rejoindre le reste de la troupe. Par hasard, je décide de filmer l'essai d'Hugo pour m'initier à la vidéo... Comme par magie, il enchaîne un à un les mouvements sans trop de difficultés. Le crux (passage dur du bloc) est derrière lui. Tim et moi retenons notre respiration jusqu'au dernier mouvement... Il attrape la prise finale et se rétablit au-dessus du bloc. 




Quelle joie d'avoir pu assister à ce combat et qui plus est de l'avoir immortalisé ! C'est aussi pour ces moments, qu'on aime tant ce sport ! Quoi de mieux que partager ce bonheur avec des personnes qui nous sont chères et qui se réjouissent de notre réussite autant que de la leur. Ces relations deviennent précieuses à l'heure où la société repose sur l'égoïsme et la rivalité.

Merci les amis pour ces moments simples de partage. Les vacances ne pouvaient pas mieux commencer !