Immersion en petite Tasmanie

Après un déchiffrage complexe du topo de la Pointe de Pen-hir, en essayant de saisir la géographie globale des secteurs, leur accès, l'équipement en place et la longueur de corde nécessaire... nous décidons de prendre la température bretonne dans la petite grande voie "Le fil d'Arianne", cotée 6a+ (et notée 3⭐ sur le topo). Cependant, c'est un labyrinthe pour accéder au pied de la voie. De nombreux secteurs se suivent et se ressemblent... Idem pour les rappels : il y a des relais chainés de partout... La "vire caractéristique", décrite en théorie sur le topo, n'est plus si caractéristique que ça une fois sur le terrain !

Au-dessus de l'eau, c'est donc une vrai chasse au trésor qui s'organise ! D'abord un rappel puis des vires... On sort la carte ! Un second rappel, cette fois-ci au-dessus de magnifiques cristaux, suivi une nouvelle fois de vires rocheuses... Allez on ressort la carte ! Et puis, à force de traverser vers la droite, nous finissons par trouver LE trésor ! Une magnifique dalle verticale surplombe l'Atlantique. Je m'engage dans la première longueur. Le quartzite orangé offre de nombreuses réglettes et un style bien "rési" ! Quelques vieux pitons abîmés par l'écume sont coincés à droite à gauche et datent des premières ascensions. Il en fallait du courage, pour s'aventurer là en traînant pitons, marteaux, coins de bois... tout l'attirail nécessaire pour une ascension sur une paroi vierge de tout équipement !

Heureuse d'atteindre un relai solide, je fais monter papa. Accompagné pas le bruit des vagues, il finit par me rejoindre. La seconde longueur est tout aussi verticale et demande une bonne dose de concentration. 
Le soleil tape sur la paroi et pour la première fois de nos vacances dans le Finistère, aucun nuage ne semble s'intercaler entre nous et le soleil ! Un pur régal ! Papa me rejoint une nouvelle fois et nous sortons sous la croix de Pen-hir. Comme à notre habitude, nous immortalisons le moment avec une photo. A la seule différence que normalement, nous sommes entre 100 et 300m au-dessus du parking alors qu'aujourd'hui, la fin de notre voie est à la même hauteur.

Un moment père-fille qui se raréfie avec le temps mais qui est toujours aussi précieux ! Merci papa pour cette belle grimpette dans un cadre idyllique, en petite Tasmanie !
En ce qui concerne la logique bretonne des accès, il faudra encore s'exercer !

Topo : "Le fil d'Ariane" à la Grande Falaise de Pen-Hir

Minha Terra - Sopeira

Les nombreuses séances de grimpe en salle ont porté leurs fruits ces dernières semaines alors il est temps de confirmer ça sur le rocher ! Pour papa, faire une grosse journée en montagne est encore ambitieux alors nous nous creusons la tête pour trouver un plan B. Finalement, Sopeira assure parfaitement ce rôle : peu d'approche pour 200m de grimpe.

Le coin inspire apparemment Hugo, qui immortalise notre journée :

la suite d'un trajet silencieux - les départs aux aurores ne sont pas notre fort - nous arrivons au barrage d'escales. 

A peine le temps de descendre de la voiture que nous dévorons les chocolatines (terme sudiste fortement étrange pour désigner un pain au chocolat). Nous en profitons pour décortiquer la voie que nous nous apprêtons à gravir.

Après cet encas bien appréciable, nous nous équipons... La "choco" nous tiendrait au ventre environ deux heures : nous laissons donc les sandwichs à la voiture. Et vu le "mini format" de l'approche, ce n'est pas elle qui allait nous épuiser !

Nous voilà partis, empruntant les escaliers accrochés à flanc de falaise pour se rendre au pied de la voie.  En parlant de pied : Teddy, encore jeune convalescent, ne pourra pas grimper en tête aujourd'hui. Nous scindons la voie en deux. Je m'occuperai des trois premières longueurs et Ilo fera les trois suivantes. Minha Terra (pour le nom complet je vous laisse le soin d'aller voir sur Camp2Camp), TD+ 6c max 210 m est la voie que nous choisissons. De quoi satisfaire toute l'équipe !

Je fais mes nœuds, enfile mes chaussons et décolle à 10h30. Me voilà parti sur une belle dalle grise de 50m, un peu longue pour mes petits mollets de grimpeur !! J'arrive en haut, relis les deux points du relai puis fais monter mes deux compagnons. Juste le temps au doyen du groupe de me donner quelques bonnes astuces et je repars dans la longueur suivante. Cette fois-ci, 25m m'attendent et la paroi se redresse peu à peu. Une fois au relai, l'ambiance change : le rocher devient tout rouge et... plus délité... J'appréhende cette longueur car l'espacement des points est important ! Même si le rocher sonne creux quand je grimpe, je me rends peu à peu compte qu'il n'y a pas de grosses difficultés techniques. Je me sens bien dans ma grimpe mais ai peur qu'une prise casse.
Hugo dans L3
Les doutes s'envolent quand j'atteins le relai... Mes camarades de cordée me rejoignent une nouvelle fois sans trop de difficulté.

Nous sommes déjà au milieu de la voie et c'est au tour d'Ilo de prendre le lead... Départ brutal puisqu'elle commence par la longueur clef et dure de la voie  (6c) !! Du bas, le devers rougeâtre est impressionnant !

Ilo dans L4
Une fois dedans, Ilo trouve rapidement ses prises. L'équipement abondant est présent pour la rassurer. Très vite, c'est à notre tour de passer. La longueur nous offre quelques bonnes prises de main en dépit de celles de pied .
Hugo dans L4
Une fois avoir retrouvé Ilo au relai, le soleil se mêle à la fête ! Nous l'aurions apprécié dans les longueurs précédentes mais une fois-là, sa chaleur nous fait regretter la fraicheur de la première moitié de la voie ! 

Dans la longueur 5, nos pieds cuisent ! C'est une dalle entrecoupée de végétation en tout genre : de la petite fleur au gros arbre ! 

L5
Il y a quelques années, Teddy rencontrait une chèvre à ce même relai... Aujourd'hui, seuls quelques rapaces pointent le bout de leur nez. Le confort de ce relai mérite d'être mis en avant : terrasse ombragée et suffisamment spacieuse pour tous les trois ! Nous l'apprécions bien ! 

La sixième et ultime longueur nous oblige une nouvelle fois à poser les pieds minutieusement avec un petit pas de dalle puis un joli mur vertical bien sculpté et plutôt technique. Il vaut mieux avoir de la marge dans cette voie qui, comme les trois premières, ne contient qu'un point tous les 7 ou 8 mètres ! Les pieds ne chauffent plus, ils brûlent ! Ilo est donc la première à arriver en haut. Nous la rejoignons rapidement. Trois heures se sont écoulées depuis notre départ ce matin.

Summit
Le retour de cette grande voie - comme son approche - est atypique. Il faut d'abord plonger dans un tunnel souterrain pour ensuite emprunter des galeries qui nous font sortir de l'autre côté de la montagne, au bord du lac. Un sentier nous ramène au barrage et tout droit vers l'emplacement de nos sandwichs !!
Tunnel de retour
Cette aventure se terminera autour d'un magnum chocolat blanc et d'un Fanta bien frais.

Une journée de grimpe bien complète avec en prime un peu de spéléo et une super équipe que je remercie encore pour cette journée. 😍"

Topo "Minha terra galega y el conde de Rigaborça"