Mallos de Riglos

Partir avec une prof pendant les vacances scolaires... Quelle idée !! C'est pourtant ce dans quoi je m'embarque ce mardi matin...
Heureuse de retrouver Coralie, le trajet est juste assez long pour se raconter les dernières nouvelles ! Les différents topos semblent tous recommander la célèbre voie nommée la "Murciana" : ligne en plein milieu de la grande face du "Pison". Il ne nous en faut pas plus pour nous convaincre ! 

Mercredi 27 octobre 2021 :
Le soleil éclaire peu à peu les "Mallos" et laisse entrevoir notre l'itinéraire. Coco joue la guide touristique et me fait visiter les lieux ! La "Visera", el "Pison", el "Firé"... Un vrai paradis pour grimpeurs !

C'est pleines d'excitation et de motivation que nous attaquons l'objectif de la journée, bien décidées à en découdre ! La première longueur nous plonge dans l'ambiance : points espacés et "panzas" à volonté ! Coco prend le relai pour les trois longueurs suivantes qu'elle négocie comme une cheffe. Notre sac est bien lourd mais au moins, nous ne manquerons pas d'eau ! Les cloches du village nous donnent le rythme. 1, 2, 3, 4, 5 longueurs... 
Quelques heures plus tard, nous sommes au pied de la longueur clée : la fameuse 6c/6c+ selon les topos. Le profil déversant de la longueur impose un rythme effréné à nos bibis ! Arrivée au relais de cette longueur, mon empathie se tourne vers Coco qui doit grimper avec un boulet accroché au dos... Finalement, elle me rejoint assez vite, en ayant utilisé en chemin, toutes ses qualités de bricoleuse ! 
Les deux dernières longueurs sont tout aussi tenaces et un peu moins protégées. Disons qu'il devient plus compliqué de tirer au clou pour se sortir d'un passage dur et que les 250m de grimpe déjà effectués commencent sérieusement à se faire sentir.
Aux alentours de 17h, nous entamons la descente. Rappels, mains courantes, encore rappels... Et nous voilà en bas, juste à l'heure pour prendre la douche et dévorer le bon repas de ma cuistot !

Le lendemain après avoir grimpé "Chopper" en réversible (belle voie sur l'éperon du Pisón), nous retournons de l'autre côté de la frontière pour fuir le mauvais temps.

Une petite escale à Suberpène et un passage obligé par la salle de Beyrède viennent clôturer ce petit séjour.

Un grand merci à Coco pour tous ces moments qui deviendront de beaux souvenirs !
Conclusion de la semaine : le camion aménagé c'est vraiment génial !!



Immersion en petite Tasmanie

Après un déchiffrage complexe du topo de la Pointe de Pen-hir, en essayant de saisir la géographie globale des secteurs, leur accès, l'équipement en place et la longueur de corde nécessaire... nous décidons de prendre la température bretonne dans la petite grande voie "Le fil d'Arianne", cotée 6a+ (et notée 3⭐ sur le topo). Cependant, c'est un labyrinthe pour accéder au pied de la voie. De nombreux secteurs se suivent et se ressemblent... Idem pour les rappels : il y a des relais chainés de partout... La "vire caractéristique", décrite en théorie sur le topo, n'est plus si caractéristique que ça une fois sur le terrain !

Au-dessus de l'eau, c'est donc une vrai chasse au trésor qui s'organise ! D'abord un rappel puis des vires... On sort la carte ! Un second rappel, cette fois-ci au-dessus de magnifiques cristaux, suivi une nouvelle fois de vires rocheuses... Allez on ressort la carte ! Et puis, à force de traverser vers la droite, nous finissons par trouver LE trésor ! Une magnifique dalle verticale surplombe l'Atlantique. Je m'engage dans la première longueur. Le quartzite orangé offre de nombreuses réglettes et un style bien "rési" ! Quelques vieux pitons abîmés par l'écume sont coincés à droite à gauche et datent des premières ascensions. Il en fallait du courage, pour s'aventurer là en traînant pitons, marteaux, coins de bois... tout l'attirail nécessaire pour une ascension sur une paroi vierge de tout équipement !

Heureuse d'atteindre un relai solide, je fais monter papa. Accompagné pas le bruit des vagues, il finit par me rejoindre. La seconde longueur est tout aussi verticale et demande une bonne dose de concentration. 
Le soleil tape sur la paroi et pour la première fois de nos vacances dans le Finistère, aucun nuage ne semble s'intercaler entre nous et le soleil ! Un pur régal ! Papa me rejoint une nouvelle fois et nous sortons sous la croix de Pen-hir. Comme à notre habitude, nous immortalisons le moment avec une photo. A la seule différence que normalement, nous sommes entre 100 et 300m au-dessus du parking alors qu'aujourd'hui, la fin de notre voie est à la même hauteur.

Un moment père-fille qui se raréfie avec le temps mais qui est toujours aussi précieux ! Merci papa pour cette belle grimpette dans un cadre idyllique, en petite Tasmanie !
En ce qui concerne la logique bretonne des accès, il faudra encore s'exercer !

Topo : "Le fil d'Ariane" à la Grande Falaise de Pen-Hir

Minha Terra - Sopeira

Les nombreuses séances de grimpe en salle ont porté leurs fruits ces dernières semaines alors il est temps de confirmer ça sur le rocher ! Pour papa, faire une grosse journée en montagne est encore ambitieux alors nous nous creusons la tête pour trouver un plan B. Finalement, Sopeira assure parfaitement ce rôle : peu d'approche pour 200m de grimpe.

Le coin inspire apparemment Hugo, qui immortalise notre journée :

la suite d'un trajet silencieux - les départs aux aurores ne sont pas notre fort - nous arrivons au barrage d'escales. 

A peine le temps de descendre de la voiture que nous dévorons les chocolatines (terme sudiste fortement étrange pour désigner un pain au chocolat). Nous en profitons pour décortiquer la voie que nous nous apprêtons à gravir.

Après cet encas bien appréciable, nous nous équipons... La "choco" nous tiendrait au ventre environ deux heures : nous laissons donc les sandwichs à la voiture. Et vu le "mini format" de l'approche, ce n'est pas elle qui allait nous épuiser !

Nous voilà partis, empruntant les escaliers accrochés à flanc de falaise pour se rendre au pied de la voie.  En parlant de pied : Teddy, encore jeune convalescent, ne pourra pas grimper en tête aujourd'hui. Nous scindons la voie en deux. Je m'occuperai des trois premières longueurs et Ilo fera les trois suivantes. Minha Terra (pour le nom complet je vous laisse le soin d'aller voir sur Camp2Camp), TD+ 6c max 210 m est la voie que nous choisissons. De quoi satisfaire toute l'équipe !

Je fais mes nœuds, enfile mes chaussons et décolle à 10h30. Me voilà parti sur une belle dalle grise de 50m, un peu longue pour mes petits mollets de grimpeur !! J'arrive en haut, relis les deux points du relai puis fais monter mes deux compagnons. Juste le temps au doyen du groupe de me donner quelques bonnes astuces et je repars dans la longueur suivante. Cette fois-ci, 25m m'attendent et la paroi se redresse peu à peu. Une fois au relai, l'ambiance change : le rocher devient tout rouge et... plus délité... J'appréhende cette longueur car l'espacement des points est important ! Même si le rocher sonne creux quand je grimpe, je me rends peu à peu compte qu'il n'y a pas de grosses difficultés techniques. Je me sens bien dans ma grimpe mais ai peur qu'une prise casse.
Hugo dans L3
Les doutes s'envolent quand j'atteins le relai... Mes camarades de cordée me rejoignent une nouvelle fois sans trop de difficulté.

Nous sommes déjà au milieu de la voie et c'est au tour d'Ilo de prendre le lead... Départ brutal puisqu'elle commence par la longueur clef et dure de la voie  (6c) !! Du bas, le devers rougeâtre est impressionnant !

Ilo dans L4
Une fois dedans, Ilo trouve rapidement ses prises. L'équipement abondant est présent pour la rassurer. Très vite, c'est à notre tour de passer. La longueur nous offre quelques bonnes prises de main en dépit de celles de pied .
Hugo dans L4
Une fois avoir retrouvé Ilo au relai, le soleil se mêle à la fête ! Nous l'aurions apprécié dans les longueurs précédentes mais une fois-là, sa chaleur nous fait regretter la fraicheur de la première moitié de la voie ! 

Dans la longueur 5, nos pieds cuisent ! C'est une dalle entrecoupée de végétation en tout genre : de la petite fleur au gros arbre ! 

L5
Il y a quelques années, Teddy rencontrait une chèvre à ce même relai... Aujourd'hui, seuls quelques rapaces pointent le bout de leur nez. Le confort de ce relai mérite d'être mis en avant : terrasse ombragée et suffisamment spacieuse pour tous les trois ! Nous l'apprécions bien ! 

La sixième et ultime longueur nous oblige une nouvelle fois à poser les pieds minutieusement avec un petit pas de dalle puis un joli mur vertical bien sculpté et plutôt technique. Il vaut mieux avoir de la marge dans cette voie qui, comme les trois premières, ne contient qu'un point tous les 7 ou 8 mètres ! Les pieds ne chauffent plus, ils brûlent ! Ilo est donc la première à arriver en haut. Nous la rejoignons rapidement. Trois heures se sont écoulées depuis notre départ ce matin.

Summit
Le retour de cette grande voie - comme son approche - est atypique. Il faut d'abord plonger dans un tunnel souterrain pour ensuite emprunter des galeries qui nous font sortir de l'autre côté de la montagne, au bord du lac. Un sentier nous ramène au barrage et tout droit vers l'emplacement de nos sandwichs !!
Tunnel de retour
Cette aventure se terminera autour d'un magnum chocolat blanc et d'un Fanta bien frais.

Une journée de grimpe bien complète avec en prime un peu de spéléo et une super équipe que je remercie encore pour cette journée. 😍"

Topo "Minha terra galega y el conde de Rigaborça"

Pikachu - Pic d'Espade

 A la lueur de nos frontales et au beau milieu de la nuit, nous montons la tente en contrebas du lac d'Aubert. Demain, une chouette journée nous attend ! Un réveil aux aurores serait inutile puisque la voie que nous comptons faire est orientée ouest et qu'aucun de nous n'a envie d'attraper l'onglet dès les premiers mètres de grimpe. Réveil donc à 7h30, plutôt luxueux par rapport à d'habitude ! 

Après un bon p'tit dej... Que dis-je ?! Après un festin 3⭐ qu'on doit à l'excellent gâteau d'Hugo (Marie et Bosco confirmeront), nous prenons la direction du Pic d'Espade. Nous ne pourrons l'apercevoir qu'au dernier moment, après 2h30 de marche pas tout à fait sur les sentiers ! 

Les cordées sont formées : Hugo et Marie, Bosco et Ilona. "Les Malheurs de Pikachu" est la voie qui fera notre bonheur aujourd'hui ! Hugo ouvre la marche pour la première cordée et je fais de même pour la deuxième. Le rocher est d'une qualité incroyable, les longueurs sont magnifiques et la météo exceptionnelle. Bingo ! Le reste de la journée s'annonce bien ! 
Hugo dans la première longueur
Chaque cordée a choisi de progresser en réversible : Marie et Bosco prennent le lead dans la deuxième longueur. 
Dans la troisième longueur, deux cannelures horizontales incroyables permettent de nous élever centimètre par centimètre. Le moindre geste brusque et c'est la zipette assurée ! 
Les longueurs 4 et 5 sont un terrain de jeu idéal pour les adeptes de fissures ! Dülfer, coincement, cheminée... Tous les ingrédients pour nous donner du fil à retordre !
Une fois dans la sixième longueur, nous profitons des derniers mètres sur ce granite incroyable lorsque le ciel, jusqu'alors dégagé, remet son voile.
La 5ème longueur suit cette belle fissure

Arrivés au sommet, trois rappels nous attendent pour atteindre le pied de la voie. Quel sport ! Monter pour redescendre aussitôt... Il faut être dingue ! Et ben nous le sommes et le vivons bien ! Désolés pour Pikachu et ses malheurs mais aujourd'hui nous sommes tous les quatre les plus heureux !! Au bon endroit, au bon moment et en bonne compagnie !
Toute la troupe au sommet

En arrivant au parking, une douche s'impose. Baignade dans la lac d'Aubert où la température de l'eau se mettra en travers de nos ambitions. Sauf pour Bosco qui a déjà sauté depuis dix minutes dans le lac d'Aumar juste au-dessus. Hugo, Marie et moi nous contentons d'un débarbouillage express !

Nous sommes à 20h au camion et l'apéro nous appelle depuis un bon bout de temps. Le repas s'en suit. Big up à la sauce tomate espagnole qui mérite d'être citée !

A minuit, même cirque qu'hier mais cette fois, le montage de la tente s'annonce plus complexe. La zone de bivouac est remplie de touristes et trouver un endroit plat n'est pas une mince affaire. D'ailleurs, nous n'en trouverons pas !


Le réveil sonne un peu trop tôt au vu de notre réactivité à l'éteindre. La nuit a été fraîche et le sommeil entrecoupé par les ronflements des voisins ! Plier la tente est la première mission de la journée (à ne pas sous-estimer). Nous rejoignons ensuite Marie et Bosco pour déjeuner - moment le plus important de la journée. 🥐 Après consultation et vote de chacun, nous optons pour "Le 5ème élément" (6c max) à la muraille du Cap de Long. Les cordées sont inversées : les garçons dans l'une, les filles dans l'autre. Quatre longueurs sur du beau granite suivies de deux rappels (dont un nous a fait monter le pouls!) viennent clôturer ce weekend riche en bons moments !


Merci à Marie et Bosco pour l'organisation et la gestion du week-end, leur patience, leur gentillesse, leur pédagogie,... La liste est longue ! En échange, on vous livrera la super recette du gâteau banane-chocolat d'Hugo ! 😁


Topo "Les Malheurs de Pikachu" ici

Topo "Le Cinquième élément" ici

Aneto par Salenques Tempêtes

De retour les fesses dans le train... Ce soir, je voyage à l'opposé de d'habitude : non pas vers Toulouse mais bien vers Pau... Direction Oloron-Sainte-Marie retrouver Marianne et François pour une chouette nouvelle aventure. Et pas n'importe laquelle ! Celle qui permettra d'écrire sur nos carnets de grimpeurs/apprentis-alpinistes : "Salenques-Tempêtes ~ Aneto, 3404m ✓".

3404m, altitude insignifiante pour la plupart des alpinistes SAUF pour les pyrénéens ! En effet, ce chiffre est le plus grand que nous puissions trouver dans notre cher massif. Pour les collectionneurs de cimes que nous sommes, ce sommet constitue donc une pièce collector et comme si cela ne suffisait pas, nous tenterons de la gravir par une arête mythique : Salenques Tempêtes !

Dimanche 4 Juillet 2021

Départ de Hospital de Venasque où nous décidons de ne pas prendre la navette (ce qui nous rajoute une heure de marche). Ca tombe bien puisqu'après 3 heures de voiture, nous avons bel et bien besoin de nous dégourdir les jambes ! 

Chaque pas éveille en moi des souvenirs enfouis depuis bien longtemps. En 2015, lors de notre traversée des Pyrénées en famille, nous avions fait escale à Besurta pour manger une bonne glace après une (longue) randonnée. Bizarrement, c'est ce qui m'a le plus marqué ! Pourtant en avançant, des paysages familiers apparaissent... A commencer par le "trou du Toro" appelé aussi "el Forau de Aigualluts". 

Il y a quelques années, quand Lilou, Yanis et moi fîmes une pause sur le gros caillou ombragé - exténués et tout transpirants - je n'ai que peu prêté attention à papa et maman qui nous expliquaient que la Garonne prenait sa source ici même. Aujourd'hui, je me trouve au même endroit qu'il y a six ans mais ce lieu ne me paraît plus si insignifiant que ça. Au contraire, le fait que l'eau (issue de la fonte des neiges et du glacier) se trouvant devant moi atterrisse finalement 647km plus loin pour se jeter dans l'océan Atlantique me paraît presque impressionnant. Où est passée mon insouciance ? 

Perdue dans mes pensées, les minutes puis les heures défilent même si le sac me rappelle parfois à l'ordre et me ramène sur Terre, mettant en pause la vague de souvenir qui déferle dans ma tête. 

Au bout d'une heure, nous arrivons au plan d'Aigualluts. Lors de notre traversée en famille, cet endroit était le terminus d'une de nos étapes. Où est passée la LONGUE randonnée ? Elle aussi, s'est envolée avec les années...

L'Aneto en toile de fond
Par la suite, j'évolue en "terres inconnues". Maman avait évidemment dû insister pour que Lilou, Yanis et moi voulions bien continuer un petit peu de marcher mais, évidemment, nous avions refusé. Comme excuse : la fatigue, comme raison : la flemme !

Nous apercevons l'Aneto pour la première fois de la journée. François guide la marche et tient un rythme soutenu (pff ces secouristes... On est bien content qu'ils viennent nous chercher rapidement quand on a un accident mais faire de la rando avec eux n'est pas de tout repos ! ;-). Marianne et moi nous contentons de le suivre à 10, 20, 30m... L'écart se creuse rapidement dès que nous faisons une pause jusqu'à ce qu'une centaine de mètres nous séparent. 

Un fois le Lac des Barrancs contourné, nous arrivons ENFIN au col des Barrancs où nous bivouaquerons ce soir. Je peux enfin poser mon sac pour lequel je n'arrive pas à m'habituer à son poids malgré les sorties à répétition. Est ce que lui aussi s'allègera avec les années ? Je l'espère ! 

Quand le bivouac est installé, chacun vaque à ses occupations : goûter, bronzette, sieste... J'opte pour un peu de lecture et me laisse porter dans la face nord de l'Eiger avec Catherine Destivelle




Le soir venu, nous sommes tous les trois réunis au bord de la cheminée en dégustant un bon repas... Ah non pardon ! ...réunis au bord d'un réchaud, les fesses posées sur un caillou, dégustant un bol de semoule bien plus apprécié qu'un repas près de la cheminée l'aurait été ! Et en prime, au lieu de manger enfermés entre quatre murs, une vue imprenable surplombe notre salle à manger. C'est bon pour la digestion ! Pour ce qui est de la nuit, la pelouse bien fraîche remplacera le matelas moelleux ! Demain, une grosse journée nous attend. Alors, nous sommes tous les trois emmitouflés dans nos duvets à 21h.


Lundi 5 Juillet 2021

Réveil difficile à 4h30 où nous peinons à sortir de nos duvets. Mais il n'est pas question de prendre du retard, le sommet ne nous attendra pas ! P'tit dej efficace et consistant : on peut compter sur un gâteau banane-chocolat supplément prenium gras et sucre ! 

Lever de soleil pendant l'approche
Le jour se lève et nous prenons de la hauteur. A 6h30, nous sommes au pied de l'arête et nous encordons.

Nous progressons tantôt sur le fil de l'arête, tantôt sur des vires rocheuses en contrebas, tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt en corde tendue, tantôt en faisant des relais... Ce qui est sûr, c'est que nous avançons !
 



Les manips de corde si confuses jadis, me viennent aujourd'hui clairement et naturellement. Pourtant, quand je passe en lead, je me perds à plusieurs reprises dans l'itinéraire par - je cite - "manque de curiosité" (l'expérience de François parle !). A croire que la fâcheuse habitude de marcher la tête baissée dans les pieds me suit encore aujourd'hui ! Aussi, Marianne et François ont la patience et la gentillesse de m'aider, m'expliquer, m'indiquer... Et comme d'habitude, j'apprends beaucoup de ces heures de pratique ! 


Le vent fait des siennes - comme souvent - mais il n'a aucune influence sur notre progression, soldée de sourires et de noix de cajou. Les dernières heures, l'équipe s'impatiente à l'idée d'atteindre le sommet et la fatigue se fait sentir. Un peu avant 13h, nous touchons la croix de l'Aneto (société laïque me direz-vous), cachés dans le brouillard. La satisfaction d'être au sommet est importante et l'absence de visibilité ne gâche rien ! Ça y est, nous sommes sur le Toit des Pyrénées


Déjà fiers de l'effort physique fourni, la symbolique de ce sommet participe à la joie collective. Un petit check - plus raisonnable que les bisous et les câlins, merci COVID - et on repart. Une lonnngue descente nous attend et le parking est encore loin !



Sur le glacier (névé est sûrement mieux approprié !), nous perdons vite de l'altitude et les glissades sur les fesses aidant, nous arrivons au col des Barrancs une heure plus tard. Comme nous avions laissé nos duvets, matelas et réchauds pour ne pas avoir à les porter en grimpant, nous les récupérons et en profitons pour prendre un bon goûter qui requinque !

Deux interminables heures plus tard - les descentes sont toujours aussi longues que quand j'étais petite - nous arrivons enfin à la Besurta ! Et, comme si tout était calculé, la navette arrive au même moment. Week-end chanceux ! 

C'est ainsi que s'achève cette belle course qui a remué des souvenirs ! Un grand merci à Marianne et François pour ce beau week-end ! 

Il y a quelques années, en regardant la photo de Papa sur la croix de l'Aneto, ce sommet me semblait infranchissable... Et pourtant...

Papa au sommet de l'Aneto en 2014
Aujourd'hui, la montagne est devenue moins grande, les marches d'approche moins longues et les glaciers moins imposants. Les voies sont devenues plus courtes, mes pas plus rapides et les beaux sommets plus accessibles. Il reste encore bien des choses à faire évoluer et dans dix ans, qu'en sera-t-il ? Affaire à suivre.

Topo de l'arête Salenques Tempêtes

Voie des Suisses - Grand Capucin

 

《 Le Grand Capucin, considéré comme un sommet majeur pour les alpinistes et grimpeurs, est l'un des plus beaux ensembles de type monolythique granitique des AlpesD'allure imposante en forme d'obélisque, le Grand Capucin se dresse à presque 400 mètres au-dessus du glacier du Géant et accuse une verticalité rare qui depuis plusieurs générations attire les grimpeurs de tout poil. Dès le matin, la façade Est s'embrase sous le soleil et sa paroi de granite rouge s'illumine dans des teintes resplendissantes. 》 d'après Wikipédia.

On m'a souvent répété de prendre avec recul les informations de Wikipédia. Ce qui est sûr cette fois-ci, c'est que tout est vrai !!!


Ce samedi 19 juin, au pied de l'imposante face granitique du Grand Capucin, le temps mitigé nous fait hésiter... La pluie ne cesse de tomber. Nous n'avons pas d'autres solutions que de faire demi-tour malgré nous. Le soleil apparaît soudainement, comme un signe du ciel ! La pluie s'efface peu à peu... On fonce !!

La veille, nous prenions la direction du Massif du Mont-Blanc pour concrétiser le cadeau des 17 ans de Hugo... Le Grand Capucin ! Pour se faire, nous n'aurions pas pu envisager mieux que de grimper en compagnie de Lara (ou plutôt, grimper derrière elle !).

Après la traversée du glacier du Géant, nos hésitations liées à la météo et une bonne heure à alterner corde tendue et longueurs courtes, la cordée mi-sudiste mi-pas sudiste atteint le pied de la Voie des Suisses. 
Traversée du Glacier du Géant. Le soleil se lève derrière la Dent du Géant.


Hugo et moi en second dans les "longueurs d'approche"
Nous savons qu'il faut être efficace à cause du temps mitigé et des 10 longueurs qui nous attendent. Lara est en tête, à fond comme elle sait le faire. Derrière, nous faisons de notre mieux pour ne pas qu'elle s'endorme au relai en nous assurant. Parfois, des noeuds dans les cordes viennent contrer cette dynamique mais nous avançons globalement bien. Pour Hugo, les grandes voies de cette ampleur sont une première tandis que pour moi, la grimpe au-dessus de 3500m d'altitude est également chose nouvelle !


Des éboulements fréquents autour de nous notamment venant de la Tour Ronde nous sortent du pseudo réveil dans lequel nous sommes plongés en assurant. Le vent et le froid ont tendance à alimenter cette "veille du corps". Quand c'est à notre tour de grimper, les premiers pas des longueurs nous mettent un bon coup de pied au c** !

Hugo qui "tire au point" : pris en flag ! ;)
Dans les passages faciles, nous profitons de la qualité extraordinaire du granite et de l'esthétisme de cette voie alors que dans les passages plus complexes, tout objet coincé dans le rocher est le bienvenu pour tirer dessus ! Oh hisse la saucisse... ou plutôt Lara hisse les deux saucisses ! La pauvre 😁 

On garde le sourire !
Pour se faire pardonner, nous lui avons apporté un GROS pique-nique... Et oui les machines, ça s'entretient ! Bon, on évitera de mentionner que le pique-nique est resté intact toute la journée dans la sac parce que nous avions d'autres priorités : et pour faire passer le pique-nique au second plan, il faut une bonne raison ! Le sommet du Grand Capucin en est une !
Nous n'en croyons pas nos yeux... nous sommes réellement en train de grimper sur ce sommet mythique qui nous faisait tous les deux rêver ! Et en prime, nous sommes seuls au monde (à l'exception d'une cordée italienne) car la météo a découragé les habituelles nombreuses cordées qui parcourent les différentes voies du Grand Cap ! Le RÊVE !!!


Bon, vous vendre un beau soleil chaud avec du rocher bien sec et l'absence du vent serait un mensonge mais qu'importe, nous avons le beau rôle : nous sommes en second. Pour Lara, c'est plus délicat mais ça n'a pas l'air de lui poser trop de problèmes. Quelques passages mouillés ralentissent notre progression. A 17h, nous arrivons au sommet mais ne traînons pas. Le vent ne nous laisse pas profiter du sommet...

Photo express au sommet : le vent fait des siennes !
 Aussi vite arrivés, nous voilà repartis ! Lara engage le premier rappel, Hugo la suit et je ferme la marche ou plutôt la course ! Nous enchaînons  les rappels avec la peur permanente de bloquer les cordes dans les nombreuses fissures.

Plein gaz : 300m de vide sous les pieds !
Finalement, tout se passe bien et nous atteignons le glacier vers 20h. La satisfaction du sommet arrive à ce moment là : même si la journée n'est pas finie, le plus dur est derrière nous !
Encordés à 10m les uns des autres (risque de crevasses), chacun a le temps de méditer sur son ascension. Le soleil se couche et nous marchons une fois de plus seuls au monde, plongés dans l'immensité des montagnes. Celles qui nous font nous sentir si vivant et à la fois si vulnérable.


Plus nous nous rapprochons du refuge de Torrino, plus l'impatience grandit en moi. L'impatience de pouvoir enfin dire "on l'a fait !" !! Et aussi et surtout l'impatience d'avaler enfin un vrai repas depuis plus de seize heures.

Ne pas s'étonner que la photo soit floue : Lara aussi avait faim !
Le repas est avalé en deux temps trois mouvements. Repas de luxe d'ailleurs (c'est l'avantage des téléphériques qui montent jusqu'aux refuges :). A minuit, la journée se termine enfin ! Dix-neuf-heures se sont écoulées depuis notre réveil ce matin. Une journée à rallonge mais qui valait le coup !

Un grand merci à Lara qui nous a permis d'atteindre le sommet du Grand Capucin et encore joyeuses 17 bougies au meilleur des compagnons de cordée !